Voyager au Moyen Âge, partie 1 : Qui voyageait, pourquoi et comment?

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Mes chers voyageurs, bonjour et bienvenus !

Aujourd’hui, nous allons parler de voyage au Moyen Âge.

Certain(e)s d'entre nous ont eu le privilège de voyager, soit dans une autre ville, soit en campagne ou même dans un autre pays. Mais nous avons tous sûrement aussi visité le monde et l’Histoire par l’intermédiaire des livres. En effet, pour plusieurs lecteurs et écrivains, le voyage représente une quête qui va au-delà de la destination, et qui mène à une grande source d’inspiration.

J'avais plusieurs questions lors de ma recherche pour l’écriture de Frère Bruno et le bouclier de la foi, un roman de fiction médiévale au 14e siècle. J’ai visité plusieurs forums d’écriture en ligne et j’ai remarqué que, comme moi-même, plusieurs nouveaux auteurs de Western, de Fantasy et de fiction médiévale se posaient les mêmes questions :

I - Qui voyageait au Moyen Âge et pour quelles raisons?

II - Comment s'y prenait-on pour voyager au Moyen Âge ?

Sans plus tarder, ramassons notre baluchon, notre bâton de marche, et c’est parti !

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I.

Qui voyageait au Moyen Âge et pour quelles raisons ?

Qu’en pensez-vous ?

Comme plusieurs nouveaux chercheurs et auteurs de fiction historique, j’avais moi-même de fausses idées concernant les voyageurs au Moyen Âge. J’étais surpris d’apprendre que toutes les classes sociales voyageaient, souvent sur de longues distances et plusieurs fois par année !

Nous verrons aussi que les riches et les pauvres voyageaient pour des raisons différentes. Comparons les deux et voyons :

pauvres en voyage

La classe des paysans avait plusieurs raisons pour voyager,

et en certains cas, le devoir :

- fiançailles, mariages, naissances

- jours du marché, commerce

- festivals, foires, jeux et tournois

- funérailles / enterrements

- déplacements militaires

- pèlerinages

- fêtes liturgiques / fêtes des saints

- visites chez le seigneur pour faire une doléance ( plainte ou demande )

- voyages obligés : recensement, corvée, réponse à l’appel de son seigneur

riches en voyage

On remarque ci-dessous que les rois, comtes et bourgeois,

quoique bien disposés, ne voyageaient pas seulement pour leur plaisir :

- voyages ludiques : visite de villas, palais, châteaux, maisons de campagne

- rassemblements sociaux : banquets, danses, tournois, jeux, joutes, concerts

- rassemblements familiaux : réunions, mariages, funérailles, baptêmes

- cures sanitaires, volontaires ou obligées

- obligations officielles

- obligations familiales

- déplacements militaires : à pied ou à cheval

- fuites, exil

Voilà une gamme d’activités qui pourraient sûrement entraîner votre héros ou héroïne dans sa prochaine aventure médiévale ! Mais attention. Ce serait irresponsable de ma part de vous envoyer sur la route sans vous avertir des enjeux et des risques à considérer lors des voyages :

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II.

Comment s'y prenait-on pour Voyager au Moyen Âge ?

À l'époque médiévale, les moteurs, les pneus de caoutchouc et les pare-brises n'existaient pas . Les véhicules et animaux routiers, que nous étudierons dans le prochain article, étaient dispendieux et inaccessible à la majorité de la population. Ainsi, la méthode de déplacement la plus populaire pendant l’époque médiévale était, comme vous avez probablement deviné… la marche ! Eh oui, pour 95% des voyages au Moyen Âge, c’était en patte-mobile !

Comme nous l’avons déjà observé en répondant à la première question de cet article, il existait à l’époque plusieurs opportunités pour voyager : fêtes saintes, pèlerinages, festivals, jours de marché, foires, spectacles, tournois et rassemblements publics. Et c’est par la marche que se faisaient principalement ces déplacements.

Il fallait bien sûr se chausser adéquatement pour l’événement. Comme aujourd’hui, il y avait à l’époque des chaussures de marche, des bottes, des sandales et tout ce qu’il nous fallait pour protéger nos pieds des éléments blessants. Et comme aujourd’hui, ces chaussures s’usaient et avaient besoin d’être réparées ou remplacées. Alors, avant d’entreprendre un long voyage à pied, il fallait considérer l’état de nos chaussures pour éviter les blessures et les infections. Après tout, on ne naît pas avec du cuir épais sous les pieds, comme les hobbits de Tolkien.

Mais, comme les hobbits, certains des citoyens moins bien disposés passaient leurs journées entières à nu-pieds. Notons cependant qu’avec un peu d’entraînement, on peut considérablement renforcer la peau de nos pieds.

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voyages nocturnes

Pendant l'époque médiévale, on se déplaçait pendant les heures du jour. Les voyages de nuit étaient dangereux et rares. Pourquoi, pensez-vous? Je vais vous éclairer...

Mes parents et grands-parents m’ont fait comprendre qu’avant la venue de l’électricité, la lumière était une chose très précieuse. Aujourd’hui, grâce à la lumière électrique, nous avons le privilège de pouvoir travailler et même voyage pendant la nuit.

Mais à l’époque médiévale, l’huile à lampe était dispendieuse et la cire d’abeille, extrêmement chère. Combien de chandelles aurais-je moi-même brûlées pendant toutes mes nuits d’étude et de gribouillage ? Cela m’aurait coûté une vraie fortune ! Alors, pour maximiser sa journée de travail, il valait mieux se lever tôt, avec le soleil, et se coucher peu après la tombée de la nuit.

Contrairement aux marins, qui voyagent nuit et jour pendant des semaines sur l’eau, les voyageurs terrestres doivent se trouver un abri où s’arrêter chaque soir.

Quant aux écrivains, c’est à vous d'accorder à vos personnages assez de temps pour atteindre une habitation avant la tombée de la nuit. Sinon, vos aventuriers et aventurières devront dormir à la belle étoile et à la merci des bandits et des loups !

risques pour les voyageurs

Sur ce, voici quelques circonstances qui pourraient

ralentir sinon mettre fin à votre voyage :

- temps et saisons

- déplacements nocturnes

- directions fautives, égarements

- forêts denses et terrains irréguliers

- traversée des cours d’eau

- fossés, pentes et falaises

- insectes et animaux sauvages

- vents, contre-courants, obstacles

- bandits

- soldats et mercenaires ennemis

- véhicule et marchandise endommagés

- relations qui se détériorent au cours de route

*- son propre conditionnement mental et physique

*- son propre équipement

sport et loisirs à nu-pieds

Les voyageurs médiévaux avaient sûrement des pieds plus coriaces que les nôtres. Les coureurs et les lutteurs grecs étaient eux aussi nu-pieds. Imaginez-vous courir un marathon ou lutter sans chaussures. C’est possible, quoi.

J’ai fait du karaté, du tae-kwon-do et d’autres arts martiaux pendant une vingtaine d’années, où l’on s’entraîne les pieds nus. Oui, ça endurcit la peau des pieds bien plus que si on s’entraînait en espadrilles. Mais donner un coup de pied dans un ballon de « foot » sans porter d’espadrilles, ce n’est pas recommandé…

À chaque fonction son outil, et à chaque outil ses limites.

Contrairement à l’entraînement sportif, qui a habituellement lieu sur un terrain plat, la randonnée à nu-pieds nous aide à habituer nos pieds à un terrain plus varié et irrégulier. Marcher et courir sur des petits cailloux, ce n’est pas pareil que sur de gros cailloux, des épines de pin ou des brindilles sèches. Il faut donner à nos pieds la chance de connaître ces différentes textures et, graduellement, s’y habituer. Et pour ceux qui marchent sur de longues distances ou montent et descendent des pentes, n’oublions pas notre fidèle bâton de marche !

acclimatation des pieds

Nos pieds peuvent aussi s’habituer aux différentes températures. Marcher sur de la neige ou du ciment brûlant, ça prend un peu de pratique. Je vous encourage à vous promener nu-pieds dans l’herbe ou la terre fraîche. C’est une habitude qui s’apprend vite mais qui se perd vite aussi.

Moi, qui voulais devenir un maître ninja, j’ai perdu cette endurance après quelques années au « repos », et je me suis déjà effondré dans mon jardin après avoir piétiné un caillou inattendu. Aïe !

En effet, les pieds de nos ancêtres du Moyen Âge étaient sûrement plus résilients que les nôtres. Je remarque ici un parallèle entre l’état délicat de nos pieds d’aujourd’hui et le conte : La princesse et le petit pois.

Est-ce que, comme la princesse recouverte de bleus après avoir dormi avec un petit pois sous ses matelas, nos pieds surprotégés seraient devenus hypersensibles et intolérants au stress et aux divers éléments de la nature ?

liste de contrôle du pilote médiéval

Mais soyons réalistes. Avez-vous déjà organisé un voyage de A à Z ? Où êtes-vous allé ? Quelles démarches avez-vous prises avant de partir ? Voici quelques détails qui me viennent en tête lorsque j'écrivais FBBF :

Avant de partir en voyage, faisons comme les matelots et les aviateurs avant leur départ, et vérifions l’itinéraire, les conditions de la route, et, si c'est le cas, l'entretien de notre véhicule  :

• entretien de l’équipement ( harnais, selle, roues, carrosserie, voiles, câbles… )

• type de terrain vs type de véhicule utilisé

• nombre de passagers et d’animaux de traction

• poids de l’équipement et des bagages

• santé des animaux et conducteurs : soin des passagers, ferrage et repos des chevaux

• distance quotidienne

• emplacement des logements pour la nuit

• type de terrain : rustique, accidenté, ascendant, descendant, marécageux, enneigé, etc

•  type de route ou de chemin : pierre, brique, roches, cailloux, sable, terre, marécage, etc

•  saison, climat, vents, courants

  
  

• autres facteurs ( loups, sangliers, rats, vermine, etc. )

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Bon, tout est en ordre ?

On dirait qu'il fallait être bien préparé et courageux pour entreprendre un voyage au Moyen Âge. Quelle chance nous avons de voyager si aisément de nos jours, n'est-ce pas ? Vivant au Canada, où les hivers sont parfois cruellement froids, j'apprécie beaucoup l'innovation du pare-brise et la chaufferette électrique !

Et justement, dans la deuxième partie de cette série Voyager au Moyen Âge, nous parlerons des différents véhicules routiers et aquatiques du Moyen Âge.

Cher(e)s ami(e)s, je suis content de vous avoir fait visiter cette précieuse section de mon SECRETARIUM historique ! J'espère que cet article vous a aidé à apprécier la vie de nos ancêtres du Moyen Âge. Je souhaite aussi que vous en ayez puisé des idées créatives qui porteront fruit, d'une façon ou d'une autre, dans un avenir proche ou lointain.

Sur ce,

À bientôt,

P.J. Bonnet

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