Voyager au Moyen Âge, partie 2 : 10 anciens moyens de transport
- P.J. Bonnet
- 13 avr. 2024
- 10 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mars

Bonjour ! Dans Voyager au Moyen Âge, partie 1, nous avons découvert qui voyageait et pourquoi voyageaient les gens au Moyen Âge. Nous avons aussi appris la marche était le mode de transport le plus commun. Mais continuons notre exploration du monde médiéval et répondons à une nouvelle question qui intrigue sûrement les lecteurs d'aventures ainsi que les créateurs d'histoires de Fantasy, de fiction historique et de Western :
I. Quels étaient les moyens de transport au Moyen Âge ?
Ouvrons notre carte routière, hissons les voiles et c'est parti !

I.
Voyager au Moyen Âge:
les moyens de transport
1. le cheval

À ceux et celles qui nous écrivent un roman de Fantasy, de Western ou une fiction historique, nous savons toustes qu’il ne faut pas oublier d'y ajouter des chevaux !
Comme l’automobile qui a besoin de carburant, d’entretien, d’un garage, d’un garagiste et plus encore, les chevaux coûtaient très cher à l’époque médiévale. Les gens plus favorisés avaient des écuries, des écuyers et des chevaux à leur disposition. Mais l’équitation n’est pas un sport pour n’importe qui ni pour n’importe quel cheval. De plus, ce n’est pas seulement une question d’argent.
entraînement du cavalier

Je me souviens de mes 16 ans lorsque j’ai essayé de passer mon test de conduite d’automobile. J’ai failli la première fois pour avoir fait deux grandes erreurs : j’ai mal embrayé entre la deuxième et la troisième vitesse en pleine intersection, et en plus, j’ai hésité avant de prendre un tournant vers la gauche. Deux grandes erreurs : une faute technique et un manque de confiance… Un conducteur immature, quoi. Et moi qui pensais que la dame qui m’évaluait était trop sévère...
En effet, c’est en échouant qu’on apprend à ne plus faire les mêmes erreurs. De façon similaire, un cavalier inexpérimenté ne peut pas simplement partir à l’aventure à dos de cheval. Ce n’est pas seulement une question d’expérience, mais aussi, de confiance et de respect entre le cavalier et sa monture. Cette relation prend du travail, de la patience et surtout, du temps. Voilà un point important que j’ai pris en compte lorsque j’écrivais la trilogie de FBBF.
Vous avez probablement déjà entendu quelques anecdotes sur les premières douleurs de l’équitation : cuisses écorchées, fesses martelées, bas du dos écrasé, hanches et épaules étirées, mâchoire et cou tendus… Moi, je me souviens, lors de ma deuxième et dernière expérience en équitation, de m’être mordu la langue ou claqué les dents lorsque brassait le cheval. Un événement marquant, surtout sur le coin d’une de mes canines... Oh, petites bêtises d’adolescence...
Un cavalier apprenti risque de se blesser s’il ou elle doit endurer un voyage trop prolongé. Je suis loin d’être spécialiste, mais j’imagine qu’il faudrait au moins une semaine d’entraînement sur scelle et quelques jours de récupération pour se considérer être prêt(e) à entreprendre sa première journée entière à dos de cheval. Suis-je trop optimiste ? Y a-t-il des cowboys et des cowgirls modernes qui pourraient m’éclairer là-dessus ou me raconter leur douloureuse histoire d’entraînement équestre ?
entraînement et entretien du cheval

Un cheval sans entraînement adéquat ne peut pas être monté en sécurité, car il ne connaît pas les commandes et manque de confiance et de respect envers son maître. Il risquerait alors de se blesser, lui et son cavalier. À partir de 3 ans, un cheval de 3 en bonne santé et bien entraîné peut commencer à porter un cavalier.
Les chevaux en liberté mangent de l’herbe pendant environ quinze heures par jour. En captivité, ils peuvent manger 60 kg de plantes fraîches ou 15 kg de matière sèche chaque jour. Les chevaux ont besoin d’exercice régulier, d’eau fraîche et de foin pour éviter les troubles digestifs.
Lorsqu’on demande aux chevaux d’accomplir un travail, il ne faut pas les pousser au-delà de leurs capacités. Si on force trop le moteur de notre automobile, on le brûle. Vous comprenez l’analogie. Sur ce, les chevaux qui voyagent ont besoin de s’arrêter pendant 20 minutes toutes les heures pour se reposer et pour boire. Sinon, kaput !
Contrairement aux chevaux sauvages qui courent dans l’herbe, les chevaux domestiques qui marchent sur un chemin de pierre ont besoin d’être ferrés chaque six semaines pour protéger leurs sabots. Le maréchal-ferrant s’occupait d’enlever les vieux fers, de tailler l’ongle du sabot et d’y clouer de nouveaux fers avec un marteau et des clous chauffés au rouge. Ce processus désagréable nécessitait quatre ou cinq jours de repos pour la guérison des sabots. On ne pouvait pas simplement ferrer un cheval avec des fers brûlants et lui redemander aussitôt de reprendre le chemin.
Les chevaux sont des animaux intelligents, sociaux et affectueux. Mais ils sont aussi de nature timide et nerveuse, et ils ont le réflexe inné de fuir plutôt que de confronter la menace. L’art de maîtriser une telle créature est véritablement un talent remarquable. À toustes parmi nous qui font de l’équitation, je présente tout mon respect ! Et à ceux et celles qui écrivent une histoire qui contient des scènes d’équitation, j’espère que vous trouverez un grand plaisir à décrire cette danse entre cheval et cavalier.
2. la charrette ( à deux roues )

La charrette est un simple véhicule agricole à deux roues qui est tiré par un ou deux animaux. En charrette, il faut de la patience, car ce véhicule à deux roues avance à la vitesse équivalente à celle d’un marcheur. Habituellement utilisée pour transporter des charges agricoles ( paille, légumes, bois, tonneaux, marchandises ) sur des distances modestes, elle est parfois utilisée pour transporter son conducteur et quelques passagers lors des voyages. On peut facilement y fixer un cadre et une toile pour protéger les passagers des éléments. Je pense déjà aux aventures de Robin des Bois et d’un frère Tuck chantant, assis sur sa charrette, sans se soucier de quoi que ce soit. Mais, hô, là ! Faites attention aux pentes et aux trous dans la route, frère Tuck !
Au 12e siècle, le romancier Chrétien de Troyes introduit un nouveau personnage, Lancelot, dans la légende arthurienne en écrivant Lancelot ou le chevalier de la charrette. Reconnu pour sa bravoure et pour son amour envers la reine Genièvre, le chevalier Lancelot ajoute à la légende arthurienne un nouvel élément d’amour courtois.
Nous apprendrons, en lisant cette œuvre, que la charrette à deux roues est un mode de déplacement indigne pour les chevaliers. Malgré ceci, pour prouver son amour pour sa reine Guenièvre, notre protagoniste Lancelot entreprend une série d’épreuves douloureuses et humiliantes, dont un voyage, assis dans une charrette de condamné. Ainsi, pour sa reine qu’il aime, Lancelot est reconnu comme le « le chevalier de la charrette ». Quel acte d’humilité chevaleresque et d’amour courtois !
3. le chariot ( à quatre roues )

Le chariot médiéval est un véhicule routier tiré par deux à six chevaux. Construit d’une solide caisse en bois et monté sur quatre grandes roues renforcées de bandes de fer, l’intérieur de la caisse comprend deux bancs opposés et pouvait abriter jusqu’à quatre passagers. Pour monter et entrer, il faut utiliser un marchepied. Certains voyageurs ont besoin d’assistance pour monter et descendre.
Un cocher, assis à l'avant du chariot, est chargé de diriger les chevaux. Les bagages des voyageurs peuvent être rangés sous les bancs des passagers ou sur le toit de la caisse. Pour rendre le déplacement plus confortable, on y met des sièges rembourrés de tissus et de fourrures, des petits volets et des rideaux, des chandelles, une petite table d’étude, etc. Il faut compenser… car ce n’est qu’à partir de la Renaissance qu’apparaissent les chariots avec suspension sophistiquée… Et, comme en équitation, il faut habituer le bas de son dos pour endurer les longs voyages en chariot.
4. la diligence ( transport public )

La diligence est un transport public qui ressemble à l’autobus d’aujourd’hui. Construit d’une grande caisse de bois sans toit, renforcée de fer et montée sur 4 roues solides, ce grand chariot est tiré par quatre à huit chevaux et voyage rapidement d’une ville à l’autre. La diligence s’arrête brièvement, environ tous les 40 kilomètres, à des stations de relais où l’on fait monter et descendre des passagers pendant que l’on remplace les chevaux. Ainsi, à un certain prix, on peut rapidement voyager d’une station à l’autre, et se rendre beaucoup plus loin en une journée.
l’autobus express du Moyen Âge
Imaginez-vous une course Formule 1 lorsqu’un bolide s’arrête au pit stop, mais qu’au lieu de changer les pneus et de faire le plein de carburant, on remplace les chevaux fatigués par des chevaux reposés. J’imagine que si les écuyers de ces stations de diligences travaillaient avec autant de discipline et de coordination, ces relais pourraient se faire en très peu de temps : juste assez de temps pour descendre, se dégourdir les jambes, et c’est reparti! Sinon, on perd sa place, et s’il se fait tard, on risque de devoir se payer une chambre à l’auberge de campagne !
sécurité des passagers en diligence
Pour maximiser leur revenu, les entrepreneurs de ces diligences publiques avaient tendance à faire monter un nombre maximal de passagers. Pourquoi ne pas construire un second étage, alors? ( cela viendra plus tard, à la Renaissance ) À l’époque médiévale, la suspension quasi inexistante ne rendait sûrement pas l’expérience confortable ni sécuritaire. Les incidents routiers à l’époque étaient similaires à ceux d’aujourd’hui : rage de la route, collisions, roues accidentées, renversements, fossés...
sécurité des chevaux

J'ai été attristé d’apprendre que les chevaux de diligences étaient souvent victimes de mauvais traitement. On les faisait courir le plus vite possible d’un relais à l’autre sans leur accorder de repos jusqu’à leur arrivée. Une fois arrivés, les chevaux épuisés étaient remplacés par de nouveaux chevaux « reposés ». Malheureusement, pour le profit de l’entrepreneur, ces animaux travaillaient souvent jusqu’à l’épuisement complet. Il n’était pas rare qu’ils se blessent ou s’effondrent en pleine course sur la route. Oh, Seigneur !
5. la chaloupe et la barque

Dans certains cas, il est plus facile de voyager sur l’eau. Surtout si on suit le courant, ou le vent...
La chaloupe est une simple embarcation sans voile. Elle peut transporter des passagers et une charge considérable, et peut avancer d’elle-même à la vitesse du courant, sinon avec des rames. Adéquate pour les lacs et les rivières, la chaloupe n’est pas idéale en haute mer.
La barque est plus grande que la chaloupe, elle a un gouvernail et peut avoir des rameurs, un petit mât et une voile. La barque peut transporter plus de personnes et de marchandise que la chaloupe, mais nécessite une main-d’œuvre supplémentaire pour l’opération des rames, du gouvernail et de la voile. La barque peut s’aventurer en mer, tout en restant près des côtes.
6. la cogue

Inspiré par le voilier de commerce viking, le drakkar, la cogue est un robuste navire qui mesure 30 mètres de long et 8 mètres de large avec un mât et une voile carrée. Grâce à son fond plat, la cogue peut accoster sur les plages de sable ou naviguer sur des cours d’eau peu profonds. Cependant, à cause de son fond plat, ce voilier n’est pas aussi stable en haute mer.
La cogue est utilisée pour le commerce dans la mer Baltique et la mer du Nord. Elle se militarise éventuellement pour se défendre des attaques de pirates. On y construit un nid-de-pie au haut du mat pour les guetteurs. À l’arrière du navire se dresse une plateforme élevée, le « château ». Cette tour offre un avantage militaire aux archers. Puis au cours du 14e siècle, un deuxième château est ajouté en avant du voilier.
À noter pour les écrivain(e)s : la cogue nécessite un équipage d’environ douze personnes.
7. la nef ( ou la caraque )

La nef, ou caraque, est une évolution de la cogue, qui durant les 12e et 13e siècles s’élargit, ajoute des mâts et des châteaux encore plus hauts. Ce grand navire est utilisé pour le commerce comme pour la guerre. La nef est munie de rames pour contrer les vents, de plusieurs voiles carrées pour profiter des vents de derrière, mais utilise aussi, sur son mât arrière, une voile latine (triangulaire) pour maîtriser les contrevents. La caraque, ou nef, est l’un des premiers grands voiliers à pouvoir naviguer en sécurité en haute mer. Elle pouvait transporter des chevaux, des provisions et plus de deux cents passagers.
La nef nécessite un équipage d’environ vingt personnes. Une dizaine d’apprentis matelots, avides d’aventure, s’ajoutaient souvent à ce chiffre.
La nef est la fine pointe de la navigation maritime à la fin de l’époque médiévale. Elle continue son évolution et, au début de la Renaissance, devient la caravelle, un navire encore plus grand sur lequel s’aventurera Christophe Colomb pour découvrir l’Amérique.
le nœud : unité de mesure de vitesse nautique

La vitesse d’un navire médiéval se mesurait avec une unité de mesure appelée le nœud. Aujourd’hui encore, le nœud est l’unité de mesure pour la vitesse des navires et des avions.
On utilisait un instrument qui s’appelle le loch pour mesurer la vitesse d’un navire. Le loch est une bouée rattachée à une corde qui est marquée par des nœuds régulièrement espacés. On lance la bouée derrière le navire et un marin compte les nœuds à haute voix au fur et à mesure que la corde glisse entre ses doigts. Le compte se fait pendant le temps d’écoulement d’un sablier, et le nombre total de nœuds comptés durant l’écoulement d’un sablier mesure les nœuds, soit la vitesse d’un voilier.
Un nœud correspond à un mille marin par heure, soit exactement 1,852 km/h.
8. la nage

J’ai ajouté la nage à la fin de cette liste parce que la nage, eh bien, ce n’était pas un moyen de transport très fiable à l’époque médiévale. Et rien n’a beaucoup changé quant à aujourd’hui...
périls et potentiels de la nage

La nage est un mode de transport inefficace sur de longues distances et extrêmement dangereux : courants, fatigue, crampes musculaires, choc thermique, hypothermie, prédateurs aquatiques, blessures, noyades... Bref, la nage est à éviter en réalité, mais à considérer dans un récit fictif ! J’encourage les écrivains de fiction historique et de fantasy de pousser les limites de leurs personnages en les confrontant à quelques scènes qui ont lieu dans l’eau ou même, sous l’eau.

Que ce soit l’exploration au fond d’une grotte immergée ou bien une poursuite à la nage en haute mer, les scènes aquatiques peuvent vraiment créer des scénarios intenses et captivants !
Je pense au voyage du sous-marin nommé le Nautilus dans l’un des premiers romans lus durant mon enfance : l’œuvre de Jules Verne Vingt mille lieues sous les mers.
J’aimerais noter que 20 000 lieues, c’est l’équivalent de 96 560 kilomètres... Voilà pourquoi 20 000 lieues sous les mers représente la distance parcourue par le Nautilus sous la mer, et non sa profondeur. Sinon, on se retrouverait dans un différent roman de Jules Verne : soit dans Voyage au centre de la terre, ou plutôt dans De la Terre à la lune, trajet direct en 97 heures, 20 minutes.

Voilà!
Nous avons plusieurs options.
Quel sera votre mode de déplacement idéal pour votre prochaine aventure médiévale ?
À vous de choisir.
Au revoir et à bientôt,
P.J. Bonnet
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