La première moitié du quatorzième siècle: prélude aux quatre cavaliers de l'Apocalypse?
- P.J. Bonnet
- 19 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mars
Chers braves explorateurs de l'Histoire,
Le quatorzième siècle semble avoir été frappé par les quatre cavaliers de l’Apocalypse : Pestilence, Guerre, Famine et Mort. Ce n'est point la fin du monde, mais celle d'une époque.
En effet, au travers d'une parade d'événements troublants et marquants, nous approchons de la fin du Moyen Âge, d’où apparaîtront de grands changements pour la couronne, le peuple et l’Église.
NOTE: Accrochons-nous à notre ceinture, ça va barder.
La première moitié du quatorzième siècle:
Une époque douloureuse pour l'Europe entière...
1309-1378:
Papauté d’Avignon
Le roi de France, Philippe le Bel, s'oppose aux taxes de l'Église. Le pape Bonifacio VIII, à Rome, le réprimande alors en écrivant une bulle papale, proclamant que "l'Église est placée plus haute que les rois".
Philippe le Bel rapatrie alors les cardinaux de France et fait arrêter et juger le pape. Ce dernier mourra peu après et son successeur décède l'an suivant. L'intégrité du Saint Siège est en péril.
En 1309, Philippe le Bel fait élire un nouveau pape, Clément V. Ce dernier quitte Rome et s’installe à Avignon, en France. Lui-même et ses successeurs y résident jusqu'à 1378. Cette période de division entraînera éventuellement le grand schisme entre l’Église catholique et protestante.
1315-1322:
Grande famine d’Europe
Grâce à des développements en agriculture, dont l'ajout des légumineuses riches en protéines, la population d’Europe grandit considérablement au début du 14e siècle.
Mais, après une succession d’étés froids et d’inondations, les terres agricoles sont décimées. En 1315, les récoltes quasi-inexistantes ne parviennent plus à approvisionner la population croissante.
Les gens affamés se précipitent sur la nourriture de leurs animaux, puis sur ces derniers, puis sur les graines qu'ils avaient préservées pour les semences des champs. Ceci provoquera un effondrement total du cycle d'agriculture. Des millions d’Européens en mourront de faim.
1328:
Nouvelle dynastie des Valois
Lorsque le roi de France, Charles le Bel, meurt sans héritier, Philippe VI de Valois est choisi comme successeur. Les Valois, une branche cadette de la dynastie des Capétiens, devient la nouvelle dynastie souveraine de France. Mais le roi d'Angleterre, Édouard III, s'y oppose.
Le premier des rois Valois, Philippe VI, surestime la prouesse de sa chevalerie. En 1346, il est vaincu sur ses propres terres par le roi d'Angleterre, à Crécy.
Son fils et successeur, le roi Jean II, est un excellent chevalier, mais de caractère colérique et impulsif. Il ne fera qu'augmenter les tensions avec l'Angleterre tout comme au sein de son propre pays.
Mais son fils Charles, dauphin de France et héritier à la couronne, est un jeune homme intelligent et prudent. Lorsque Charles deviendra roi à son tour, saura-t-il enfin réparer les relations tumultueuses qui affligent l'intérieur et l'extérieur de son pays?
1337-1453:
Guerre de Cent Ans
Le roi Édouard III d’Angleterre s’oppose à la nouvelle dynastie des Valois et se considère comme le successeur le plus proche de la couronne de France. Il désire alors posséder la France telle une province. Ceci provoque une longue guerre de succession entre les deux pays que l’on nommera « la guerre de Cent Ans ».
Cette guerre durera 116 ans et sera parsemée de batailles sanglantes, de conflits internes et externes et d'actes de bravoure, dont celui de Sainte Jeanne d'Arc.
1341-1364:
Guerre de succession du duché de Bretagne
La Bretagne à l'époque, qui n'était considérée ni française ni anglaise, est déchirée entre deux partis puissants.
En 1341, lorsque le duc de Bretagne meurt sans héritier, Jean de Montfort, allié des Anglais, rapatrie des seigneurs de Bretagne et se rend à Nantes pour se proclamer duc.
Mais Jeanne de Penthièvre, alliée des Français, revendique aussi son droit au duché en s'appuyant sur la loi semi-salique, qui permet parfois que le droit de succession se transmette par l'épouse. Jeanne de Penthièvre et son époux rapatrient à leur tour d'autres seigneurs bretons alliés à la France, puis attaquent Jean de Montfort et ses troupes anglo-bretonnes devant les murailles de Hennebont, en Bretagne.
Mais lorsque Jean de Montfort meurt, sa femme, Jeanne de Flandres, reprend le flambeau de la guerre en brûlant le camp militaire de sa rivale avant de fuir pour rapatrier une armée de chevaliers. Jeanne de Flandres se retrouve alors au sein d'une bataille navale où elle portera elle-même armes et armure en pleine mer. Une tempête navale séparera les flottes bretonnes ennemies.
Laquelle des Jeannes s'emparera du duché? Mais surtout, vers quel pays s'inclinera la Bretagne?
Cette guerre de succession du duché de Bretagne, en quelque sorte une extension de la guerre de Cent ans, se nommera « la guerre des deux Jeannes », un conflit qui portera un coup douloureux sur l'indépendance et l'identité bretonne.
1346-1347:
Défaite de l’armée française à Crécy et prise de Calais
Le roi Édouard III d’Angleterre et son fils accostent en France avec leur armée. Le roi Philippe VI de France riposte à Crécy avec une armée deux fois plus grande. Mais, faute d'un manque de stratégie et d'un terrain trop humide, la fleur de la chevalerie française cale dans la boue et se fait décimer par les archers anglais. Une défaite écrasante.
Le roi Jean Ier de Bohême, allié à la France, se bat avec férocité contre les armées anglaises. Aveugle depuis des années, Jean Ier se lance à cheval dans la multitude ennemie, guidé par des câbles rattachés aux montures de ses écuyers. Ce sera son dernier combat.
Le roi Philippe VI de France parvient à s'enfuir. Mais le roi Édouard III d’Angleterre reste en France et s’empare bientôt de la ville côtière de Calais, qui deviendra une base navale stratégique pour les Anglais durant la guerre de Cent Ans et au-delà.
Cette horrible défaite restera imprégnée dans le cœur des Français pendant longtemps. Certains vont jusqu'à dire que l'ère glorieuse de la chevalerie tire à sa fin.
1347-1352:
Peste noire d’Europe
Aujourd'hui nommée la bactérie "Yersina pestis", cette horrible épidémie, la pire de l'histoire connue, tue plus d’un tiers de la population d’Europe en moins de dix ans…
Les premières quarantaines d'isolement sont imposées aux malades et aux présumés malades. Ceux et celles qui ont les moyens de quitter les villes s'enfuient en campagne. Mais le fléau fait ses ravages partout et n'épargne ni riche ni pauvre.
Les médecins qui pratiquent la théorie des quatre humeurs ne savent plus comment s'y prendre. Plusieurs médecins et infirmières meurent de la contagion. Sans remèdes connus à l’époque, on considère cette maladie contagieuse comme étant le fléau divin.
Sommes-nous arrivés à la fin des temps?
Courage, belles âmes créatives!
Ce n'était évidemment pas la fin du monde.
Mais quel courage et résilience ont dû avoir eu
nos ancêtres! Oh, les histoires qu'ils ont dû raconter après avoir vécu ça...
Nos aînés d'aujourd'hui ont sûrement des histoires bien semblables à nous raconter...
Nous pouvons facilement comparer nos vies à celles du 14e siècle et se considérer chanceux et chanceuses. Toutefois, que ce soit faute des circonstances extérieures ou intérieures, nous connaissons tous et toutes la souffrance, n'est-ce pas? En effet, sur cela, rien n'a changé.
Ce n'était pas facile d'écrire ou d'illustrer ce petit volet historique, car on y découvre des parallèles avec notre propre société moderne. Comment alors conclure un article si choquant? Après y a voir pensé un moment, voici ma conclusion pour aujourd'hui:
Apprécions les grâces qui nous sont offertes et endurons les épreuves qui nous attendent.
Ensemble!
À bientôt,
P.J. Bonnet
Cliquez ici pour retourner au Blog.
Venez Ici, pour vous inscrire à mon infolettre et recevoir un téléchargement gratuit.
Comments